Demain est un autre jour

Plantons le décor.

Quelque part au sein d’un espace infini où filent des milliards de galaxies contenant elles-mêmes des milliards de systèmes solaires, tournoie sur elle-même une minuscule planète bleue, évoluant en compagnie d’autres corps célestes autour d’un modeste soleil dans une danse fragile et merveilleuse lui ayant donné d’engendrer la vie.
Quelque part au sein de cette vie, elle aussi formée de milliards d’espèces dansant entre elles, une espèce a décidé de faire bande à part, considérant que son statut vertical l’autorisait à tutoyer les cieux, qu’elle nomme parfois dieux.
En compensation de sa grande fragilité naturelle, cette espèce née de l’humus – appelons-la donc humaine – a reçu une capacité d’intelligence à laquelle elle doit sa survie, mais qui lui a fait peu à peu oublier que la vie ne lui appartenait pas, mais que c’est elle qui appartenait à la vie.
Elle qui reste suspendue, tel un bébé au sein de sa mère, à la terre, au ciel et au mouvement des astres par le biais de la nourriture, de l’air, de la veille et du sommeil, en est venue à croire qu’elle pouvait s’émanciper de sa condition, vivre à jamais, dominer les autres espèces, partir à la conquête des cieux, bref, remplacer les dieux.
Oubliée la condition humaine. Oublié le fait que le vent, le froid, la chaleur, l’humidité et la sécheresse ont une action sur le bois dont sont faits les hommes ; oublié le fait que qui peut déplacer un océan doit bien pouvoir déplacer une marée sanguine, et qu’une femme mal lunée n’a pas forcément ses règles tous les 28 jours.
Oubliée, cette histoire de la petite souris qui court à côté d’un éléphant, se retourne et dit : « Tu as vu toute la poussière qu’on soulève ? »
Oublié, par-dessus tout, le fait que la réflexion n’est possible que lorsqu’il y a de la lumière, et que les périodes dites de lumières ou d’obscurantisme qui frappent l’humanité sont très probablement davantage le fait de l’entente ou la mésentente entre les Dieux de l’Olympe (vous savez, Vénus, Mercure, Jupiter et compagnie – les astrologues parlent de conjonction) que de la volonté propre de cette étrange espèce qui se prétend leur égale.
Ainsi, si l’humanité semble depuis un moment, et pour un moment encore, dans une période sombre où sa lumière se retrouve comme absorbée par un trou noir où la matière prend une densité infinie, m’est avis qu’il suffit simplement de patienter et garder espoir. Demain est un autre jour.