To move or not to move

Que ce soit en jetant un regard en arrière ou en m’interrogeant sur mes projets du moment, je m’aperçois que je ne cesse de courir dans deux directions opposées, après deux mondes différents.


D’un côté, une soif inextinguible de découverte me donne envie de sillonner la planète à la rencontre de ses habitants ; de l’autre, une faim insatiable de recherche intérieure m’incite à passer des jours entiers immobile sur un coussin.
Ces pulsions, bipolaires en apparence, sont unies par une même passion exploratrice. Le besoin de faire, de mon vivant, le tour de cet éléphant de la réalité, si réalité il y a, que ma petite flamme de conscience ordinaire peine à embrasser.
Toutefois, lorsque je ferme les yeux, je réalise que, quel que soit le point du globe où je me trouve et quoi que je fasse, je reste toujours là, au milieu d’un paysage fixe ou mobile, un peu comme si j’étais un personnage enfermé dans un poste de télévision, toujours au centre de l’image tandis que l’espace se déplace autour de lui.
Étrange impression. Je ne me prends pourtant pas pour le centre du monde, mais comment être ailleurs qu’au centre de sa propre réalité ?
Trop loin à l’est, c’est l’ouest, disait Zhuang Zi. Le voyage est une méditation, la méditation est un voyage. La terre, sur laquelle je me déplace ou me pose, médite, elle aussi, tout en tournant autour de son soleil, qui lui-même est à la fois statique et voyage, comme toutes ses amies les étoiles, à une vitesse inimaginable.
Peut-être la danse étourdissante de cet univers en mouvement s’articule-t-elle autour d’un point minuscule, que je pose au bout de cette phrase maintenant.