En relisant quelques articles publiés sur ce blog, je réalise que la mort y prend une certaine place. Je ne me sens pourtant ni vieux, ni malade, et celle-ci ne m’effraie pas. Alors pourquoi est-elle si présente ?
Montaigne, à travers ses essais réussis, me souffle la réponse : « N’ayons rien si souvent en tête que la mort. »
Ainsi, une idée me vient. Et si, face à chaque événement ou activité de la vie quotidienne, nous prononcions à voix basse le mantra suivant : « avant de mourir » ? « Je vois ceci avant de mourir, je fais cela avant de mourir… »
Un peu à la manière du « jusque-là, ça va », que prononce l’homme en passant devant chaque étage de l’immeuble d’où il vient de sauter.
Comprenons-nous : ce mantra ne signifie pas que la vie n’en vaut pas la peine ou ne sert à rien. Il rappelle au contraire le caractère précieux du moment présent. Un synonyme de « Carpe Diem » en quelque sorte, en plus impérieux.
Non seulement le fait d’avoir en permanence à l’esprit l’évanescence de la vie permet-il d’en apprécier autrement les fruits, mais sans doute est-ce là – et paradoxalement – l’un des plus puissants antidotes à la pulsion suicidaire inconsciente de notre étrange espèce.
Avis aux biens portants : inutile d’attendre une maladie grave pour découvrir cette saveur particulière et ce sentiment intense qu’on appelle la vie. La conscience de la mort n’est morbide que quand elle est teintée d’angoisse. Débarrassée de sa gangue d’ignorance, elle est notre plus précieux sésame pour une vie parfaitement remplie, incluant le cycle des jours et des nuits, des émergences et des retours à l’océan de la vie.
A lire avant de mourir :)