Enseignements Lakota 1

« Lorsque j’étais petit, raconte Russell Means, et que je me trouvai un jour à Rapid City avec ma mère, je fus fortement impressionné par un peintre de rue qui n’avait pas de bras, et qui peignait avec ses pieds.

Voyant mon excitation, ma mère me dit : « Tu sais, cela n’a rien d’exceptionnel. Regarde les oiseaux : ils n’ont ni bras, ni pieds, et ils bâtissent leur maison avec leur bouche !.. leur nid est si solide pourtant qu’il reste accroché à l’arbre lorsque soufflent des vents violents. »
Je passai par la suite des heures entières à observer des oiseaux faire leur nid, poursuit Russel Means, et cela m’émerveilla. J’en parlai à nouveau à ma mère, qui me dit : « Oui mais vois-tu, toi, avec tes bras et tes mains, tu as pu monter dans l’arbre, et tu aurais pu très facilement détruire ce nid. Tu ne te rends pas encore compte de tout le pouvoir que tu as. Tu devras apprendre à utiliser sagement ce que la nature t’a donné. »
Telle est l’éducation traditionnelle, celle que l’on n’apprend pas à l’école. 
Une éducation qui inspira ce jour-là à Russell Means la conclusion suivante : « Sans oiseaux, rien n’existe. Sans arbres, rien n’existe. Sans « quatre-pattes », sans serpents, sans insectes, rien n’existe. Par contre, sans l’homme, tout peut continuer. Nous sommes les êtres les plus faibles et les plus inutiles sur cette terre, et c'est parce que nous avons peur que nous avons développé de quoi dominer et terroriser toute la création. Aujourd’hui, beaucoup d’espèces disparaissent. C’est ce que croit l’homme blanc, mais en réalité, ce sont peut-être elles qui n’ont plus envie de vivre avec lui... Quoi qu'il en soit, je ne m’inquiète pas pour la grand-mère terre : elle a des millions d’années devant elle pour guérir des blessures que l’homme blanc lui a infligées. »

Entretien avec Russell Means, Porcupine - Sud dakota, 14 juillet 2004